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Cette année 1945

Les extraits issus des registres des conseils municipaux de Saint-Urbain sont reproduits en « italique » avec leurs éventuelles fautes d’orthographe.

À Saint-Urbain, au début de l’année 1945, l’imposition d’œufs fait réagir le conseil municipal...

A la sortie de la guerre, alors que la reddition de l'armée allemande n’est pas signée et que le gouvernement provisoire commence à reprendre les rênes du pays, le conseil municipal du 23 février 1945 se réunit sous la présidence du maire, monsieur De Boisanger. Le maire fait connaître l’imposition d’œufs fixée pour la commune et expose l’impossibilité où il se trouve de répartir cette imposition.

Le Conseil « l’invite à adresser au Préfet la protestation suivante. La commune avait été imposée par une commission compétente pour une quantité de 2 280 œufs pour la campagne 44-45. Depuis la commune a cantonné des parachutistes allemands pendant 6 mois. De ce fait les poules ont disparu à tel point que certaines fermes ont renoncé à en avoir. C’est ainsi qu’au bourg même, il n’en reste que dans une habitation et que les habitants de l’agglomération doivent en chercher dans les fermes. Le nombre de renards et de bêtes puantes a beaucoup augmenté du fait de l’interdiction de chasser jusqu’à ces derniers mois ».

La réquisition dépasse donc les possibilités de notre commune, et le conseil demande une non imposition des poulaillers familiaux, et exprime « l’avis que les poursuites dont les cultivateurs sont menacés sont profondément injustes et que la réquisition précédente était un maximum. »

La commune veut garder certains artisans...
L'atelier du bourrelier

L'atelier du bourrelier

Le même conseil évoque la vente d’une bande de terrain communal à deux personnes « expulsés des logements qu’ils habitent » pour 20 francs le m2. « Le conseil estime que la nécessité de loger deux familles nombreuses et de maintenir dans la commune deux artisans dont le métier est indispensable ». L’un est sabotier et l’autre bourrelier.

Les outils du bourrelier

Les outils du bourrelier

A noter qu’à la campagne, les bourreliers étaient nombreux dans les régions de forte agriculture où les bêtes de somme, chevaux mais aussi bœufs et ânes, leur procurent amplement du travail. On trouvait aussi le sellier, dans les bourgs et villes où les chevaux de trait et de selle sont plus nombreux, notamment avec le développement de la diligence, des carrosses et autres malles-poste. La principale matière travaillée par le bourrelier est le cuir de bœuf ou de vache. Le bourrelier devait aussi utiliser différents tissus, toiles caoutchoutées, moleskine. Pour fabriquer les colliers, il devait également travailler le bois et utiliser des clous, rivets, ferrures et autres pièces de métal, ainsi que de la bourre (poils d'animaux ou filasse de chanvre) - d'où le nom de ce métier.
Avec l'apparition des machines, les chevaux ont disparu de nos campagnes et, avec eux, le bourrelier s'est éteint. Aujourd'hui, le métier ne subsiste plus que pour les chevaux de monte.

Cette même séance relate la situation fiscale de certains commerçants à la sortie de la guerre. Ainsi le maire évoque la demande d’une habitante de Kersulec « d’être exonérée des réquisitions communales par manque de personnel ». Le conseil estime que « la crise de main d’œuvre est générale » et ne fera « qu’augmenter par suite de l’appel des jeunes » ne peut accepter sa demande, mais « pour tenir compte de ses charges il décide qu’il sera rayé de la liste de livraison de porcs ». De même une habitante de Kerdostin « ayant perdu 4 bêtes depuis août demande une exonération. Le conseil décide de suspendre son imposition à l’exception des veaux ».

Et la circulaire sur les terrains de sports...

Le maire lit aussi au cours de cette séance une circulaire du 10 janvier 1945 « relative au terrain de sports ».
Il semble que l’État obligeait les communes à s’équiper d’équipements sportifs afin de développer la sportivité de nos jeunes.

L’argumentaire de l’époque peut faire sourire de nos jours, où terrains de foot, tennis, basket… fleurissent nos communes. « Le Conseil estime que la main d’œuvre est indispensable pour assurer les cultures de la terre qu’il n’y a aucun chômeur dans la commune, qu’à l’heure actuelle un terrain convenable est introuvable, personne ne voulant troquer de la terre contre des billets. Les enfants d’une commune rurale ont du reste toute facilité pour exercer leurs muscles et savent très tôt se rendre utiles à leurs parents les jours de congé. »

Le conseil du 7 avril 1945 décide une « subvention de 100 francs par prisonniers et déportés pour recevoir les absents à leur retour de captivité ». Le conseil vote une somme de 2700 francs correspondant aux 27 prisonniers et déportés de la commune.

Julien POUPON